Tout était paisible, enfin presque. Non, en fait, rien n’était paisible. Eh oui, j’étais déjà chiant à l’époque !
Quelle époque ? Mais celle où je n’étais même pas capable de raccompagner Shrek à la gare Montparnasse ! Celle où ce dernier pensait que "Navrant" aurait fait un joli nom pour un ours
en peluche ! Celle où je croyais, naïvement, que la meilleure façon d’échapper à un crocodile rose mutant ayant bouffé entre 450 et 500 plantes carnivores était tout bêtement de courir
droit, alors que tout le monde sait qu’il vaut mieux emmener ces bestioles-là dans la neige ! Tchang était mon camarade de cour de récréation préféré.
Un peu plus tard, je découvris, à mes dépens, que mes os n’étaient pas aussi solides que je le pensais, et qu’on pouvait
perdre tous ses Pokémon d’un coup. Passons.
Lors de mon année de terminale, un dénommé Saïd (comme Jean-André pour Antonin) m’aida à comprendre que je savais calculer
des intégrales, et une dénommée Marlène rendit la chimie toute simple à mes yeux ! Et puis aussi, un dénommé C., même avec tous les efforts du monde, ne parvint pas à me faire aimer la
biologie, mais ça on n’y peut pas grand-chose...
Une drôle d’idée me vint alors à l’esprit : et si j’allais en Mpsi à Gaylu ? De toutes façons, c’était la
meilleure chose à faire !
Un soir de printemps, lors d’un moment d’inattention, j’oubliai de me baisser, et Tchang se crut cuisinier dans un hôtel,
mais j’étais tellement content de le revoir !
Pendant les épreuves du bac, un inconnu aux cheveux bruns et à lunettes se trouvait derrière moi. Il n’allait pas rester
inconnu très longtemps. Avant son épreuve d’espagnol, il me demanda s’il pouvait utiliser son livre !
La rentrée de Mpsi eut lieu le lundi 4 septembre 2006, une belle journée très ensoleillée. Ce jour-là, pour la première
fois, j’entendis ce cri du coeur de Nanard : "ça va oui !?" et je fus un peu surpris, j’eus même un peu peur. Bon en même temps, il avait écrit les dates de Pythagore au tableau, et ce
bon vieux mathématicien se retrouvait à mourir à 180 ans !
Le jeudi 7 septembre 2006 fut une journée plus belle que les autres, c’est pour ça que je l’ai fait deviner à Antonin
samedi dernier. Et ce, alors même que je découvrai qui allait être ma prof d’allemand pour les (une quantité fractale d‘) années à venir...
Le lendemain, Nanard m’envoya au tableau pour la première fois, et ce fut aussi la première fois qu’il envoyait quelqu’un
au tableau dans notre classe. Ce fut assez dur, car le personnage était exigeant et assez peu patient, mais peu m’importait à ce moment-là, car, venant de tuer 72 clochards dans les rues de
Limoges, après une nouvelle musique à chaque changement d’écran, ma barre de vie était pleine.
Dans les semaines qui suivirent tous ces jours pleins de soleil, je m’habituai très vite à passer au tableau, y prenant
même goût, et je me baissai à chaque "ça va oui !?", évitant ainsi les dégâts, et rigolant aussi un bon coup par dessus le marché. Et heureusement, car l’autre chose qui se produisit aussi
rapidement, ce fut la diminution de ma barre de vie. Tchang était retourné en Chine, et il ne répondait pas à mes lettres, tellement la communication entre nos deux pays était compliquée.
Peu à peu, Nanard m’aida à comprendre que je savais inverser des matrices !
Un évènement imprévu vint modifier l’histoire. Le jeudi 15 février 2007, soudainement, vers
15h35, un élève fut envoyé au CDI. Peut-être allait-il me rapporter des nouvelles de Tchang ! Mais non,
finalement, rien, il revint dans la salle H6 à la sonnerie, avec les exercices demandés faits, parce que, après tout, si ça l’intéressait pas c’était pas la
peine de venir !
De nombreuses péripéties eurent lieu dans les mois qui suivirent, parmi lesquelles : mon apprentissage d’une chanson
en swahili, la connaissance de deux chinois qui malheureusement n’avaient jamais vu Tchang, ou encore le fait de savoir qu’un diagramme de Nyquist, ça sert à rien !
Le 1er juin 2008, je reçus un texto de Tchang. Quelle bonne nouvelle ! J’en fus absolument ravi. Et le 10 juin 2008,
encore un autre ! C’était merveilleux ! Depuis, j’ai reçu nombre d’autres textos de Tchang, et nous nous sommes même revus, et je n’ai même pas eu besoin d’aller au Tibet pour
ça !
Nous étions alors en période de concours, et mon activité de l’année suivante se dessinait de plus en plus
précisément : cinq-demi !
Comme prévu, en septembre 2008, je rentrai donc pour la troisième fois en prépa, avec cette fois des objectifs très
ambitieux. F. F. m’aida à comprendre que je savais calculer des intégrales triples, ou encore utiliser des exponentielles de matrices ou travailler dans des espaces métriques, et même JMD aida
des gens à réussir les concours les plus difficiles !
Après tout cet entraînement, Gérard m’accueilla aimablement chez lui et me prêta même le lit d’Antonin (!) et j’allai
passer les oraux d’une célèbre école que nous appellerons X pour en préserver l’anonymat. 300 marches tous les matins, et encore du sport une fois arrivé en haut ! Mais, même si j’étais
capable de travailler avec des séries des plus bourrines, l’anglais était encore une langue inconnue, et je n’eus plus jamais à monter ces 300 marches...
Ce fut ainsi que j’arrivai à l’Ens de Lyon, où je suis toujours. Après une L3 laborieuse et un début de M1 assez identique,
j’envisage de faire un M2 de théorie des nombres, s’il existe toujours, puis de passer l’agregation de mathématiques.
Il m’arrive encore de retourner sur les lieux de ma prépa, et plus particulièrement dans cette fameuse salle H6, salle de
torture pour certains, de fous rires pour d’autres.
Le week-end dernier, je suis allé à Paris et à Orsay pour voir des gens et fêter l’anniversaire de Gaëlle. Comme le vrai
jour est aujourd’hui, joyeux anniversaire Gaëlle ! Et merci à tous les gens que j’ai vu, j’ai vraiment passé un super week-end !
Entre temps, il m’est arrivé beaucoup d’autres choses. Par exemple, je suis allé voir l’ami Jérôme à Edimbourg cet été, et
j’en aurais fait un long article abondamment illustré si mon appareil photo ne m’avait pas lâchement abandonné au beau milieu de Glasgow ! Ou encore, j’ai fait un stage d’histoire des maths,
dont j’ai parlé dans un autre article !
Mais maintenant, est-ce que je vais faire comme cet élève qu’eut autrefois Sophie, qui est aujourd’hui dans une lamaserie
au Tibet ? Remarque, ça ne serait pas idiot, au moins, je pourrais souvent revoir Tchang. En attendant, j’ai fini Tintin au Tibet !