Cela fait quelque temps que je n'ai pas donné de nouvelles et pour cause, je suis en vacances jusqu'au 22 juin parce qu'on m'a viré du labo.

Bazinga ! En fait, l'assistante de mon maître de stage, qui s'occupe du labo, est elle-même en vacances et elle ne veut pas que j'y aille tout seul à cause de tous les trucs chimiques qui piquent et des fours très chauds, qui ne servent même pas à faire des gâteaux :(

Qu'à cela ne tienne, je vais quand même vous postez quelques photos du labo pour satisfaire votre curiosité ! Et si vous vous en fichez, hé bien vous verrez quand même des photos de pâtés et pis c'est tout !

Na !

Vous pouvez voir sur la photo ci-dessus une rangée de pâtés au café, puis une rangée de poudre de noisettes et enfin deux rangées de pâtés au chocolat, noir et au lait. 

Bazinga ! Mais, non ! En fait c'est du Loess (de la roche sédimentaire dont les grains sont très fins (<50µm)), du sable, et deux échantillons de terre glaise ! N'empêche, quand j'ai saturé en eau les différents échantillons et que je les ai mélangé dans des bols pour obtenir une pâte à mouler dans des petits cylindres, j'avais vraiment l'impression de cuisiner ! A tel point qu'après avoir mélangé, je me suis demandé s'il fallait que je lèche la cuillère !

Pourquoi j'ai fait ça au fait ? C'est juste pour obtenir une caractéristique du sol qui s'appelle la rétention en eau : la capacité du sol à retenir l'eau. 

Pour ce faire, je prépare mes petits cylindres et je les place sur des supports par en dessous desquels on "aspire" l'eau avec une pompe qui créé une dépression : une pression négative (de gauche à droite, sur la photo ci-dessous, - 30 mbar, -60 mbar, - 100 mbar et -300 mbar).

(Remarquez le bordel sur la table avec la terre que j'ai ramassé sur le terrain et mes bols avec la mousse au chocolat et la crème de café dedans)

On laisse l'eau se faire drainer des échantillons pendant quelques heures puis on les retire et on mesure leur masse, qu'on pourra relier à la teneur en eau, après les avoir complètement asséchés et de nouveau pesés.

Il est assez évident que pour une même durée, la teneur en eau sera plus faible dans les échantillons qui auront été soumis à une dépression plus forte (une pression négative encore plus négative si vous préférez).

Bref, j'ai donc fait ça pour le Loess, le sable et mes deux échantillons de terre glaise, que j'ai appelé 1/3 et RK 1/1, et j'ai tracé des belles courbes :

Bon, je ne vous explique pas tout mais seulement un truc qu'on peut remarquer facilement : le sable retient beaucoup moins bien l'eau que les autres trucs ! En effet, sa teneur en eau (Water Content) est beaucoup plus faible pour le sable que pour les autres et diminue plus rapidement au fur et à mesure que l'on augmente la pression (ou le pF qui est tout simplement son log).

Je vous explique vite fait les termes qu'on peut voir ici, pour que vous ne vous sentiez pas lésés :

- La capacité au champ (Field capacity) est la capacité de rétention maximale d'eau dans le sol : le sol ne peut pas retenir plus d'eau au delà de cette limite et toute l'eau que l'on rajoute ensuite, c'est de l'eau excédentaire. C'est une bande (entre pF=1,8 et 2,5 parce qu'on ne peut pas le mesurer très précisément...).

- Le point de flétrissement permanent (Permanent Wilting Point, ou PWP pour les intimes) pF = 4,2 est le point au delà duquel on ne peut plus drainer de l'eau dans le sol. Pourquoi flétrissement ? Tout simplement parce que si la terre dans laquelle on a planté des plantes a atteint cette limite, les plantes ne peuvent plus boire l'eau du sol et finissent par faner.

On comprend vite pourquoi ces deux caractéristiques du sol sont primordiales à connaître pour maîtriser les irrigations dans les plantations : pour ne pas noyer et au contraire ne pas assoiffer les plantes !

Autre remarque (finalement je vais tout vous avoir expliqué :s) : le Loess a des grains très fins et peut donc contenir beaucoup d'eau et va très bien la retenir.

J'arrête là ! J'espère que j'ai été assez clair dans mes explications. C'est juste que je veux vous montrer ce que je fais et que vous puissiez voir de vos yeux que malgré le fait que ça paraît bien ridicule cette histoire de pâtés de sable à côté de grandes installations scientifiques comme le CERN ou les gros télescopes (comme à Mauka Réna à Hawaï, au hasard), au moins, ça, c'est terre-à-terre (c'est le cas de le dire) et ça sert dans la vie de tous les jours !!! :p

Je termine mes péripéties laborantines avec un peu de beauté dans ce monde de brutes.

Voilà ce qui se passe quand on laisse ses pâtés tout seuls pendant le week-end :

On ne voit pas très bien mais ça pousse !!! C'est beau la nature !

Sinon ce week-end, je suis allé en Tchèquie sur le site de la bataille d'Austerlitz, qui s'est déroulé en décembre 1805 et où plus de 7000 soldats français et 27000 soldats autrichiens et russes sont morts. J'ai aussi visité le château de Slavkov où Napoléon avait donné ses ordres avant la bataille. 

Une petite anecdote rigolote (ou pas) : dans le cahier où les gens laissent leur impressions sur la visite : "C'est quand même un comble qu'on n'entende pas parler français dans une enclave dite française !". C'est toi le comble. Sous prétexte que les français ont gagné la bataille d'Austerlltz, on devrait parler français dans ce château précisément, en République Tchèque. Mais bien sûr ! Et après les français vont se plaindre d'avoir une réputation de prétentieux...

Malheureusement, je n'ai pas de photos, j'ai oublié mon appareil. Et puis bon, vous n'avez qu'à y aller aussi !

Gérard