Et voilà, mon stage à l'Institut de Géographie de Wien est terminé ! C'est l'heure d'en faire un bilan. 

Bilan moral : bah moi ça gaze et toi ?

Au début, j'ai eu très peur ! Christa, l'assistante de mon maître de stage, me parle en autrichien, qui a un accent assez différent de l'allemand. Elle me conduit dans un grand couloir sombre, elle me fait enfiler une blouse (gouttes de sueur) et me fait lire un papier en allemand avec des équations de réactions chimiques (ma gorge se serre, j'ai du mal à avaler)... c'est pas possible, j'ai dû me tromper de labo ! Je suis arrivé chez les chimistes !!! Je suis foutu ! Je ne donne pas cher de ma peau ! Et puis finalement, Markus, un étudiant allemand m'explique bien gentiment ce qu'on fait au labo et comment on procède pour préparer les échantillons de sol, pour les analyser, etc... Le papier, c'était la théorie, on me l'avait filé parce qu'on leur avait dit que j'étais physicien alors ils ont pensé que je pouvais comprendre la chimie aussi... une simple méprise, rassurez-vous !

Le lendemain, je fais la connaissance de Tobias, autre étudiant allemand qui va énormément m'aider par la suite en m'expliquant plein de trucs en science des sols en échange du fait qu'il m'exploitera pour tamiser ses échantillons. Heureusement qu'il était là, parce que Robert, mon maître de stage qui a été très souvent absent au cours de mon stage. C'est pas de sa faute, c'est un brave gars, il s'implique dans plein de projets et il n'a plus le temps de s'occuper de ses étudiants. En plus, il a été malade 4 semaines et a eu un accident de voiture ; sa voiture neuve de trois semaines est à la casse. Il n'a pas beaucoup de chance ! 

C'est ce même jour (2 éme jour) que que je suis allé à Paudorf pour creuser et me recouvrir de poussière (loess). 

Ensuite, au bout d'un mois et demi, j'ai vu à peu près toutes les expériences et je me suis plongé dans la théorie pour comprendre à quoi ça servait ce que je faisais depuis le début... Et puis, j'ai eu 3 semaines de vacances ! j'ai pu rédiger une bonne partie de mon rapport de stage et profiter du soleil :D

Enfin, je suis rentré il y a deux semaines pour finir les expériences en cours, revoir Tobias pour discuter de mon rapport et apporter des modifications (c'est pas fini !). J'ai tamisé pour lui à peu près 120 échantillons, ce qui représente pas mal de boulot, en comptant environ 45 min par échantillon... mais bon, c'est un mal nécessaire !

Ce que j'ai appris, c'est de la pédologie : étude des sols, leur formation, leur constitution etc... Mais ce n'est pas ce que je ferais à l'IPGP car ce sera plus de la physique. La pédologie, c'est beaucoup plus qualitatif ! C'est par exemple manger de la terre pour en déduire sa texture (véridique !). C'était très intéressant et complètement différent de ce que j'ai fait jusqu'à maintenant ! (à part les calculs, ça j'en ai fait pas mal au magistère...) Si certains sont intéressés par mon rapport, je leur envoie volontiers :)

Bilan matériel : évitons les sujets qui fâchent mais il vaut mieux en rire qu'en pleurer (l'ambiance s'assombrit, le vent souffle dans les branches des arbres morts et des éclairs déchirent le ciel sur un terrible grondement de tonnerre, donnant envie de lire la suite...)

Bon, on le saura, ne pas me mettre dans un labo avec des trucs trop fragiles. Un labo de chimie par exemple. Cela dit, c'est en forgeant qu'on devient forgeron ! Übung macht der Meister !

J'ai ainsi appris qu'il est dangereux de regarder sa montre quand on tient une bouteille ouverte contenant sa solution de suspension de 3 jours de préparation dans sa main gauche... Il faut prendre garde à ne pas secouer deux flacons trop proches l'un de l'autre ! Sinon ils risquent de s'entrechoquer, d'exploser et de répandre partout leur contenu ! J'ai aussi appris (heureusement, on me l'avait dit avant) que le contenu des bouteilles où il y a écrit "Achtung HCl säure" dessus déteint les habits et attaque la peau !

Il y a un bain d'eau dans lequel on peut mettre des béchers et faire bouillir l'eau en chauffant par en dessous pour que ce qu'il y a dans les béchers s'évapore. Evidemment, il faut mettre de l'eau dans le bain avant, sinon le bain n'aime pas trop et les béchers non plus...

Saviez-vous qu'une pompe à eau grille quand elle pompe de l'air au lieu de l'eau ? Moi pas.

Saviez-vous qu'une machine qui envoie des rayons-X peut s'encrasser ? Moi pas. Et apparemment si c'est le cas, c'est de ma faute mais j'ai pas compris pourquoi.

Sans compter moult coupelles en porcelaine, flacons divers, burettes, béchers qui ont rencontrés le sol de façon un peu trop brusque, mettant un terme à leur courte vie de matériel expérimental ; tamis percé, échantillons de sol répandu sur le sol, remueur en plastique (je ne trouve pas de traduction pour Gumiwischer) cassé en deux, bref, que du bonheur ! :D    

Ce qui m'a fait beaucoup rire, c'est qu'au labo, ils s'étonnent que les lavabos et les laves-vaisselle soient toujours bouchés parce qu'on met toujours du sable dedans ! Mais ça ne fait pas rire l'assistante qui est chargée de les déboucher tout le temps... 

... comme de réparer mes dégâts d'ailleurs ! (quel boulot pourri) C'est pour ça que je crois qu'à la fin, elle en avait marre de moi. A tel point qu'elle me soupçonnait d'avoir cassé le pH-mètre. Mais cet abruti s'est cassé tout seul et de toutes façons, il mesurait n'importe quoi, alors...

Je ne me tiens pas pour responsable si le Windaube du labo a planté 5 fois et à chaque fois quand je l'utilisais et seulement quand je l'utilisais. C'est vraiment nul ces machins là !

Au final, le labo n'aura jamais entendu autant de "merde !". Hier, le gâteau creusois que j'ai amené à Christa pour compenser les lourdes pertes matériels du labo et son temps perdu à nettoyer nous a réconcilié ! Remarque : j'ai raconté tout ça à Regina, une étudiante qui travaillait de temps en temps au labo et elle m'a dit qu'elle en avait cassé plus que moi donc pas de quoi s'en faire ! :)

Bilan touristique : c'est les vacances quelque part, un stage à Wien !

Pas besoin d'en raconter des tartines, c'est déjà fait : cf rubrique stages et voyages !

Aujourd'hui, c'était mon dernier jour, j'ai rendu ma clé du labo et je suis parti à la Kinder Uni à la Hauptuniversität de Wien avec Robert. Qu'est-ce que c'est un Kinder Uni ? Ça se mange ? Non ! Sachez, bande de nains, que "Kinder" veut dire enfant en allemand !

On a donc installé une manip' sur le campus avec un tunnel en plastique et une soufflerie au bout pour montrer aux petits nenfants que plus les grains de sable sont fins, plus ils sont envoyés loin par le vent ! En fait, dans la terre fine (< 2 mm), il y a plusieurs parties : le sable entre 2 mm et 63 µm, les limons (silt en anglais) entre 63 et 2 µm et les argiles (clay) (avec lesquels on fait des poteries) qui ont une taille inférieure à 2 µm. L'expérience a montré que le sable ne s'envole pas mais est juste poussé par la soufflerie. En revanche, les limons et les argiles s'envolent. Pour résumer, les tempêtes de sable n'existent pas ! C'est plutôt des tempêtes de limons ! En Basse-Autriche, le sol est surtout composé de Loess (comme à Paudorf...) qui est très poussiéreux, j'en ai fait l'expérience dès mon deuxième jour ici !

Donc la prochaine fois que quelqu'un vous parle de tempête de sable, corrigez-le et dites-lui que tempête de poussière (dust strom) est plus correct ! C'est compris les enfants ? Shrek ! Arrête de taper sur Indiana ! Alexis ! Ne met pas le chapeau de X dans la soufflerie ! Antonin, arrête de poser des questions auxquelles le prof ne sait pas répondre ! Oui, après ça a un peu dégénéré car ils voulaient tout mettre dans la soufflerie pour voir si ça volait aussi (feuilles, bouteilles, papiers...), une vraie tempête !

Épilogue : demain, je pars à 6h30 !

Je vous donne la direction. Quel est le sens Indi ?

Gérard, alias Tamisator ou l'homme qui tamise plus vite que l'ombre de l'assistante de Robert.